Entrons en résurrection...
19 mars 2014Homélie du 2e dimanche de Carême A.
La première lecture nous a transportés 1800 ans avant Jésus et nous a fait rencontrer Abraham. Il reçoit l’appel de Dieu à quitter son pays... En quittant son pays il quitte aussi ses divinités pour aller vers le Dieu unique dont il reçoit la promesse d’être à l’origine d’une grande nation. Abraham fait confiance et part. Il est le premier monothéiste, le père des croyants. A nous aussi, spécialement pendant ce temps de carême, le Seigneur demande de quitter des manières dépassées de penser et de vivre pour entrer dans ses vues qui ne visent que notre humanisation et même notre divinisation. L’évangile nous a fait rencontrer Jésus.
Dimanche dernier nous le voyions affronter les tentations du matérialisme, de la facilité et du pouvoir et choisir en priorité d’annoncer la Parole de Dieu qui nourrit l’homme...d’être fidèle à sa mission qui est de toucher les cœurs...et d’être serviteur....Après cette épreuve il commence sa mission. Tout commence bien. Il appelle des hommes à être ses collaborateurs et ils le suivent...Il se met à enseigner et il est écouté...Il parle avec un langage imagé et il est compris...C’est l’enchantement...puis peu à peu tout bascule...Il va vers les pécheurs. Cela ne se fait pas. (Mth 8/10-13). Il s’approche des lépreux. C’est interdit...Il dénonce l’hypocrisie des pharisiens...Plus grave il se permet de guérir le jour du Sabbat...Plus grave encore il critique ce qui se passe au Temple... Pire que tout, il pardonne les péchés, ce qui appartient exclusivement à Dieu...Il est alors considéré comme un blasphémateur...Il perçoit parfaitement qu’il dérange... et que des lendemains douloureux s’annoncent...Il le dit ouvertement à ses disciples... « A partir de ce moment Jésus commença de montrer à ses disciples qu’il lui fallait monter à Jérusalem, y souffrir beaucoup, être mis à mort » (Math 16/21)...désarroi des apôtres !.... C’est là que se situe la page d’évangile de ce jour...l’évènement capital et lumineux de la Transfiguration....Sur la montagne, lieu des grandes révélations dans la Bible, dans un climat d’intense lumière, Jésus est transfiguré. Sa divinité transperce son corps. Ce qu’il est au fond de son être apparaît avec clarté sur son visage qui devient lumineux...et même sur son vêtement qui devient d’une extraordinaire blancheur...Pierre, témoin de l’évènement, en gardera une impression forte et écrira plus tard dans sa 2e lettre « Nous l’avons vu de nos yeux dans tout son éclat » (1/6) ...Dans un moment d’une rare intensité l’identité de Jésus apparaît. Il est vraiment Fils de Dieu...La voix du Père se fait d’ailleurs entendre « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le »...Pierre écrira plus tard « Cette voix, nous-mêmes l’avons entendue venant du ciel quand nous étions avec lui sur la montagne »... Deux personnages majeurs de l’Ancien Testament sont là : Moïse et Elie. Moïse le libérateur et Elie le grand prophète. Ils symbolisent toute l’attente d’Israël. Tout-à- l’heure ils vont disparaître. Jésus va rester seul...Il est l’unique référence. A l’invitation du Père écoutons-le . Jésus vit un combat qui le mène à la Passion...et c’est là, sur ce chemin qu’il est transfiguré...Une façon de signifier que son combat le mène à la Résurrection...
Il y a là un message pour nous : nos combats pour suivre Jésus nous mènent à la Résurrection. Sur notre chemin de foi bien des aspects du Message de Jésus nous enthousiasment mais d’autres nous font peur tellement ils sont exigeants...Nous avons parfois l’impression d’être au pied d’une montagne impossible à gravir...Soyons tenaces ... Avançons pas à pas...la ténacité nous mène peu à peu à une plus grande profondeur de vie...à une transfiguration progressive...à la Résurrection...A travers l’humble quotidien vécu le plus possible dans la fidélité à la Parole de Jésus...à travers nos choix de tous les jours pour ajuster notre vie à l’appel du Seigneur, nous entrons en Résurrection. L’humble quotidien est grand. Les apôtres Pierre, Jacques et Jean, sur la montagne avec Jésus le contemplent.
Nous avons-nous-mêmes à nous ménager des moments de rencontre avec le Seigneur, de contemplation. St Augustin disait « L’homme devient ce qu’il regarde »...Le regard fixé sur Jésus nous conduit à une transfiguration intérieure qui, peu à peu nous mène à une transfiguration totale lorsque nous partagerons la gloire du Ressuscité. Par la contemplation nous permettons à Jésus de nous marquer de son empreinte. Pierre propose de dresser trois tentes...cela évoque la fêtes des tentes...la période de l’Exode pendant laquelle on vivait sous des tentes...Période difficile d’avancée dans le désert...période fragilité, d’épreuve...mais période vécue avec le Seigneur qui rendait fort...Pierre veut exprimer cette conviction : avec le Seigneur vraiment accueilli nous sommes forts...C’est aussi notre conviction : avec le Seigneur présent avec nous dans nos fragilités nous pouvons aller loin. La transfiguration. Grand moment de lumière. Elle nous dit où Jésus va et où nous allons nous-mêmes. Elle nous dit aussi le chemin à suivre : celui de Jésus.
Michel Marie.