Homélie du 5e dimanche du temps ordinaire B 15.

De cet évangile je retiens un mot : « sortir »...Jésus sort de la synagogue pour aller vers la maison de Pierre...puis de la ville pour aller prier dans un endroit désert... puis encore du cercle de ses proches pour aller ailleurs porter la Bonne Nouvelle de l’amour du Père...n’est-il pas sorti du monde de Dieu pour venir dans le monde des hommes afin de nous parler en ami ?..Il l’explique lui-même « Partons ailleurs , afin que là aussi je proclame la Bonne Nouvelle, car c’est pour cela que je suis sorti » sous-entendu du monde de Dieu...Plus tard il sortira du tombeau pour retourner vers le Père avec tout son être. Jésus qui est sorti est aussi celui qui fait sortir...Il fait sortir les malades de leur maladie afin qu’ils soient debout et qu’ils servent...IL fait sortir du cœur des hommes les esprits mauvais de l’orgueil, de la méchanceté, de l’indifférence, afin qu’ils soient totalement libres, disponibles pour aimer Dieu et leurs frères et sœurs.

Sortir...il nous faut, à chacun de nous aussi, sortir....Sortir de l’agitation, du bruit, pour aller vers le silence afin de rencontrer le Seigneur dans la prière...Si nous sortons du bruit pour nous mettre à l’écoute de Jésus et l’accueillir , Il nous prend par la main pour nous faire sortir d’une vie médiocre et nous faire aller vers une vie de lumière...de notre repli sur nous pour nous ouvrir aux autres...de notre péché pour nous faire avancer sur un chemin de sainteté...

Dans nos vies à chacun surgit parfois, sinon souvent, la souffrance. La première lecture nous a fait rencontrer Job, un homme brisé par la souffrance, gémissant sa plainte en des expressions aussi fortes qu’imagées...Job représente l’homme souffrant de toujours...sa plaine est universelle...Combien de par le monde écrasés par des conditions de vie difficiles, pourraient dire comme Job « La vie de l’homme sur terre est une corvée »...combien de par le monde, combien parmi nous, à cause d’un deuil, d’une maladie, d’une épreuve familiale, d’un échec, d’une solitude, pourraient dire avec lui « Je ne compte que des jours et des nuits de souffrance »...

Cette page de Job est extraite de la Bible...Elle est donc Parole de Dieu...Cela signifie que Dieu a quelque chose à nous dire au sujet de la souffrance. Jésus, le Fils éternel de Dieu, est venu partager notre condition humaine. . Il a souffert de bien des manières. Il ne nous a pas donné d’explications sur la souffrance mais il nous a montré une manière de la vivre qui peut nous humaniser. Lorsque nous souffrons nous sommes tentés de nous replier sur nous-mêmes. Lui, Jésus, lorsqu’il souffre, reste ouvert aux autres. Souffrant sur la croix, il s’intéresse au larron crucifié près de lui et se préoccupe de l’avenir de Marie. Il vit sa souffrance en aimant ceux qui l’entourent. Il nous appelle, au cœur de la souffrance, à avoir la même attitude. Lorsque nous souffrons nous sommes tentés de nous révolter, nous sommes menacés par la désespérance. Lui Jésus dit « Père entre tes mains je remets mon esprit » Il vit sa souffrance en aimant le Père, en s’abandonnant à lui dans la confiance. Il nous appelle à la même attitude quand nous souffrons. Dans la souffrance il est légitime de connaître la tentation du repli sur soi et de la révolte...c’est une question de vérité humaine de le reconnaître...Mais ces attitudes sont finalement négatives, deshumanisantes....Dans la souffrance, Jésus nous rejoint pour nous faire sortir du repli sur nous et de la tentation de la révolte pour nous aider à vivre, comme lui, l’ouverture aux autres et l’abandon confiant au Père...attitudes qui peuvent nous humaniser au milieu de la souffrance qui, elle, est deshumanisante. Si tout va bien pour nous, Jésus nous appelle à sortir de notre quiétude pour aller à la rencontre de ceux qui peinent. Il nous appelle à ouvrir les yeux sur ce monde tel qu’il est et à aimer ce monde comme il l’aime. Il s’agit pour nous d’être serviteurs de ceux qui connaissent la détresse, de quelque nature qu’elle soit...et d’avoir un amour inventif qui fasse trouver les mots et les attitudes justes.

Dans la 2e lecture St Paul exprime son immense désir d’annoncer l’Evangile. Jésus est venu le sortir de son opposition farouche pour en faire un annonciateur passionné. Il veut nous sortir de notre tiédeur pour faire de nous aussi des passionnés de l’Evangile et de son annonce. C’est un immense service que nous devons rendre à notre monde, Jésus et son Evangile étant l’avenir de notre humanité. Je termine par ce texte d’un anonyme du 14e siècle : « Christ n’a pas de mains. Il n’a que nos mains pour faire son travail aujourd’hui. Christ n’a pas de pieds, il n’a que nos pieds pour conduire les hommes sur son chemin. Christ n’a pas de lèvres, il n’a que nos lèvres pour parler de Dieu aux hommes. Christ n’a pas d’aides. Il n’a que notre aide pour mettre les hommes à ses côtés. Nous sommes la seule Bible que les hommes lisent encore. Nous sommes le dernier message de Dieu écrit en actes et en paroles ».

Père Michel Marie.

Christ n’a pas de lèvres, il n’a que nos lèvres pour parler de Dieu aux hommes.
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