Paradoxes de l'Amour.

Jésus lui déclara : « Voici le premier : tu aimeras…. « Et voici le second : tu aimeras… » Mt 22,37.39.

PARADOXES DE L’AMOUR

L’amour seul chante bien la vie

Car il enchante notre envie.

Mais quel paradoxe, l’amour

Qui en a cerné tout le tour ?

Sa puissance éclate dans la faiblesse.

Sa force réside en ceci qu’il n’use pas de force.

Sa limite se déploie au-delà de toutes frontières.

Sa grandeur est manifeste dans l’humilité ;

Sa durée traverse tous les instants

Son temps passe tous les temps.

Sa douceur contient ce qui cause sa douleur.

Sa grande richesse brille dans la pauvreté.

Son éclat est dans son effacement.

L’amour seul chante bien la vie

Car il enchante notre envie.

Mais quel paradoxe, l’amour

Qui en a cerné tout le tour ?

L’amour porte à l’unité

Parce qu’il supporte la diversité.

L’amour obtient tout

Parce qu’il donne tout.

L’amour croit tout

Parce qu’il espère tout.

L’amour peut tout embraser

Parce qu’il peut tout embrasser.

L’amour seul chante bien la vie

Car il enchante notre envie.

Mais quel paradoxe, l’amour

Qui en a cerné tout le tour ?

IL excuse qui le récuse

IL comprend tout en étant incompréhensible

IL se conjugue au présent

IL est pourtant tourné vers le futur.

Il peut paraître fou

IL est pourtant ami de la Sagesse.

IL est simple comme un enfant

IL est pourtant plus fort que les puissants.

IL est de toutes les langues

Il n’est par aucune totalement expliqué

Il désarme le violent mais il n’use pas d’arme.

L’amour seul chante bien la vie

Car il enchante notre envie.

Mais quel paradoxe, l’amour

Qui en a cerné tout le tour ?

On ne le garde qu’en le donnant

On ne le donne qu’en le recevant

On le fait grandir en le partageant

On ne l’attend pas toujours là où il vous trouve

On croit l’avoir perdu et il est toujours là

On croit le posséder et il vous possède

On croit lui échapper et il vous obsède.

L’amour seul chante bien la vie

Car il enchante notre envie.

Mais quel paradoxe, l’amour

Qui en a cerné tout le tour ?

Aucun radar ne le détecte

Et pourtant même l’aveugle le reconnaît.

Peu de chose suffit à le rassasier

Et pourtant il est réputé insatiable.

Des orages il ressort à neuf

Et pourtant on le dit fragile comme un œuf.

L’amour seul chante bien la vie

Car il enchante notre envie.

Mais quel paradoxe, l’amour

Qui en a cerné tout le tour ?

Il redonne une autre chance

Quand on ne l’en croit pas capable.

Il ne recule devant aucun obstacle

Quand il voit ce qui le menace.

Il peut se parer de patience

Quand tous le croit très pressé

Il est un vrai remède

Quand ce n’est pas de lui qu’on est malade.

L’amour seul chante bien la vie

Car il enchante notre envie.

Mais quel paradoxe, l’amour

Qui en a cerné tout le tour ?

Il est indéniablement indicible.

Mais il habite au creux

D’un dire

Qui fait avènement

Au cœur d’un dire

Qui fait monument.

L’amour seul chante bien la vie

Car il enchante notre envie.

Mais quel paradoxe, l’amour

Qui en a cerné tout le tour ?

Il est prolixe en signifiants

Car il se préoccupe de l’in-signifiant.

Il est cause d’une inflation de déclarations

Et pourtant à plein collier dans les actions.

L’amour seul chante bien la vie

Car il enchante notre envie.

Mais quel paradoxe, l’amour

Qui en a cerné tout le tour ?

De soi à soi

De soi à l’autre

Il fait l’éclaireur.

De l’autre Il fait un égal.

Du Tout Autre IL fait un semblable.

L’amour seul chante bien la vie

Car il enchante notre envie.

Mais quel paradoxe, l’amour

Qui en a cerné tout le tour ?

On le dit si familier

Mais ne vient-il pas d’ailleurs ?

On le dit malléable

Mais sa force qui l’a maitrisée ?

On le dit intarissable

Mais sa source qui l’a vue ?

On le dit source d’ivresse

Mais par lui quelle allégresse ?

Jean Parfait CAKPO