PAROISSE ST THOMAS DE LA TOUQUES
Année B - Dimanche 24 Mars 2024
Dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur
Mc 11, 1-10 / Is 50, 4-7 / Ps 21 / Ph 2, 6-11 / Mc 14, 1-15, 47
 

En faisant bénir vos rameaux en son honneur,
Puissiez-vous aimer Dieu, le prochain, de tout cœur.
 
Chers frères et sœurs du Christ
Fils et filles de Dieu
Partout dans l'Eglise catholique se célèbre en ce jour la solennité de la Sainte Passion de Notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ, avec son entrée solennelle à Jérusalem, la Ville Sainte. Je vous adresse mes souhaits et vœux de bon dimanche des Rameaux, mais surtout d'une belle semaine sainte. Après avoir écouté dans l'évangile selon St Marc (14, 1-15, 47) le récit dramatique de la fin tragique de Jésus, il me paraît, sinon indispensable, du moins important, de préciser que nous ne sommes pas ici pour pleurer sur la vie de Jésus. Il l'a interdit dans la Passion selon St Luc, lorsqu'il disait aux femmes qui se lamentaient : "Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi mais pleurez sur vous-mêmes et vos enfants ... car si l'on traite ainsi l'arbre vert, qu'adviendra-t-il du sec ?" (Lc 23, 28)
Nous ne sommes pas ici non plus par amour du dolorisme qui nous pousserait à feindre d'être totalement triste. Nous sommes rassemblés en communion avec des millions de baptisés, de croyants et non croyants, pour célébrer, accueillir les splendeurs éternelles, les lumières spirituelles de ce grand mystère de la mort du Fils de Dieu, Jésus, Fils de l'Homme, Dieu lui-même. Pour cela, il y a une condition sine qua non, mes frères et sœurs.  Nous ne devons pas considérer la Passion du Seigneur comme une histoire seulement ancienne, un récit du passé dépassé. Loin s'en faut !
Et si le calvaire du Christ se poursuit encore de nos jours ? C'est la réalité. Car encore et toujours, c'est au tribunal du monde entier, partout sur la planète, qu'il est jugé, rejeté, calomnié, caricaturé, moqué comme hasbeen, supplicié, humilié, crucifié, à travers les membres de son corps que sont les chrétiens persécutés, tués, emprisonnés dans le monde.
Jésus est au procès sur le plan politique dans la figure de Ponce Pilate avec sa basse politique qui écrase les individus au nom de la majorité représentée ici dans l'évangile par la foule qui hurle "Crucifie-le". "Ah la foule, comme dit le philosophe SENEQUE, c'est la preuve du pire". Et le pire arriva au Seigneur. D'ailleurs Pilate, bien que voulant le sauver, va finir par céder au chantage et au manque de courage. Il va maintenir l'ordre et sauvegarder le culte des grands prêtres et scribes par l'assassinat de Jésus. Le geste de Pilate est un acte paradoxalement ambigu qui nous interpelle. Il ne veut pas se mouiller et il s'en lave les mains. Mais en se lavant les mains, évite-t-il de se mouiller vraiment ?
La Passion pose question à nos consciences.
Question d'un enfant à sa mère en voyant le calvaire : Pourquoi lui a-t-on fait ça ? Qu'a-t-il fait ? Si l'on répond que Jésus n'a rien fait que de bien. L'autre question est : Doit-on tuer quelqu'un qui fait le bien ? Qu'auriez-vous répondu à l'enfant ? Répondez à l'enfant qui est en vous. (Antoine de St Exupéry) (Mt 18, 3)
Par ailleurs nous contemplons dans la Passion de Jésus tous les aspects de la relation ou des relations de notre condition humaine. Cela nous fait penser à la Lettre apostolique du Pape François sur le Philosophe Blaise Pascal : "Sublimitas et miseria hominis"  Grandeur et misère de l'homme. En effet "La Passion nous révèle que nous sommes des hommes et femmes créés à l'image et à la ressemblance de Dieu, si grands et si beaux, mais capables de rejeter la vie, de détruire la beauté du monde, de commettre les pires atrocités ..."
MAIS ce qui est merveilleux dans ce récit de la Passion,
C'est l'humilité de Dieu (Ph 2, 6-11).
C'est la folie du Don total de soi aux autres par Jésus.
C'est le vertige du courage de notre Seigneur Jésus.
Car Dieu refuse d'utiliser la Toute-Puissance. Il choisit la Tendresse. Ici dans la Passion, Jésus nous donne la preuve que nous sommes aimés de Dieu, jusqu'à en mourir.
QUE FAIRE ALORS ? Trois attitudes
1) Entrer dans la Louange : Hozanna, c'est-à-dire "hôchia", vivats ou bien "uchéna" en araméen. Puissance et force à Dieu. Saint Charles de FOUCAULD dit : "Oh, Combien la louange fait partie de l'amour."
2) Imiter la Dame de Béthanie, généreuse, prophétique, universelle. D'elle, Jésus dit : " Pourquoi la tourmenter ! Il est beau le geste qu'elle a fait envers moi." Dire du mal du bien qui se fait, c'est destructeur. Quelles belles œuvres avez-vous décidé d'accomplir ?
3) Choisir la vie, la défendre et la promouvoir par la compassion, la foi et l'espérance et l'amour de la vie. Or  "Ce qui finalement fait la vie pleine, c'est d'avoir eu la chance de pouvoir donner beaucoup de soi aux autres." (Teilhard de Chardin)
La bénédiction est sur vous et sur vos rameaux.
Par elle, bâtirez-vous un monde plus beau ?
 
 
Père Jean Parfait CAKPO
Homélie du Dimanche des Rameaux (24 mars 2024).
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