Homélie de la Croix Glorieuse A 14.

Croix... glorieuse ! Deux mots incompatibles...à l’opposé l’un de l’autre... qui finissent par se réconcilier en Jésus ! En effet, la croix est d’abord, chez les romains, le supplice réservé aux brigands, aux esclaves, aux séditieux...le supplice le plus cruel et le plus avilissant. Elle montre aussi la brutalité dont l’homme est capable envers ses frères en humanité. La croix évoque aussi, o combien, la fidélité de Jésus à sa mission. Il prend quelque liberté à l’égard du sabbat. Alors que toute activité est interdite ce jour-là, il se permet de secourir quiconque en a besoin. Il critique ce qui se passe au temple et dit à ses dirigeants, les grands prêtres « Vous faites de la maison de mon Père une maison de trafic ». Il conteste les pharisiens qui privilégient une religion des apparences au lieu de mettre l’accent sur la conversion du cœur. Il dénonce l’attitude de ceux qui utilisent leur pouvoir pour écraser les autres, et précise « Il ne doit pas en être ainsi parmi vous. Le plus grand est celui qui se fait serviteur ». Il annonce un Dieu proche qui va jusqu’à se faire homme en sa personne à lui Jésus, ce qui est inadmissible pour ses compatriotes qui le qualifient alors de « blasphémateur ».

Jésus dérange, bouscule les façons habituelles de penser, de vivre, de croire et il sait qu’il risque la mort. Il a le choix entre se taire et protéger sa vie ou bien remplir sa mission avec le risque qu’il connait...Il fait le choix de la fidélité et de l’amour. Sa croix assumée est le signe d’une vie entièrement donnée, le signe d’une victoire, celle d’un amour qui persévère jusqu’à l’extrême. L’expression « Croix glorieuse » d’abord contradictoire devient tout-à-fait justifiée quand il s’agit de celle de Jésus, tellement elle évoque un amour si grand. « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils »...lequel a tant aimé le Père et les hommes qu’il a donné sa vie. « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie ».

La première lecture fait allusion à une période de l’histoire du peuple de Dieu. Il murmure et se révolte contre son Dieu !...Il est question de serpents à la morsure brûlante...le serpent, symbole de l’esprit du mal qui s’oppose à Dieu...Un serpent de bronze, symbole du mal est accroché à un mât. Autrement dit il est vaincu, vaincu par Dieu. Quiconque regarde le serpent vaincu prend conscience du mal dont il est complice ...Quiconque regarde le serpent vaincu par Dieu prend conscience de la force de Dieu qui guérit l’homme intérieurement...si celui-ci s’ouvre à son action. L’évangéliste Jean voit dans le serpent de bronze une préfiguration du Christ crucifié. « De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé ». De même que les hébreux devant le serpent de bronze prennent conscience que leur salut vient de Dieu, de même nous,devant Jésus crucifié, nous prenons conscience que nous sommes visités par un amour qui nous vient de Dieu, par l’amour même de Dieu qui vient nous sauver.

Aussi bas que nous puissions être descendus, un amour vient nous chercher pour nous faire remonter vers une vie plus belle. Quand nous regardons le Christ en croix nous comprenons que nous avons à accueillir la croix dans notre vie. Il n’est jamais facile de vivre l’Evangile. Chacun de nous le sait, il faut toujours combattre pour se faire serviteur, pour aller à la rencontre des autres, pour faire du bien même à ceux qui nous font du mal, il est toujours difficile de pardonner, de vivre des réconciliations, de sortir de la passivité pour assumer notre part de responsabilité...la croix est là, plantée au coeur de notre vie de disciples, mais elle est chemin de vie...et si l’épreuve s’impose à nous vivons-la avec courage, confiance en Dieu et ouverture aux autres...cela nous demande un combat. La croix est là aussi. Assumée, elle devient chemin d’approfondissement de notre vie...nos croix unies à celle de Jésus sont elles aussi glorieuses ! En regardant Jésus mourir par amour sur la croix nous voyons le chemin qui l’a conduit à la Résurrection...St Paul vient de nous dire « Devenu semblable aux hommes...il s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à mourir et à mourir en croix ...c’est pourquoi Dieu l’a élevé au-dessus de tout, lui a conféré le nom qui surpasse tous les noms »...La croix n’est pas pour lui enfouissement dans la terre mais chemin d’exaltation, de Résurrection...Cet itinéraire de Jésus nous enseigne que, nous aussi en assumant nos croix, nous cheminons vers notre propre Résurrection... Elle est glorieuse la croix du Christ, la nôtre aussi, unie à la sienne est glorieuse !

Père Michel Marie

La croix glorieuse, au coeur de nos vies !
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