Homélie du dimanche 25 novembre 2018, Christ Roi de l'Univers.

CHRIST ROI DE L’UNIVERS : Daniel 7, 1314/Ps92/Apocalypse1, 5-8/

Jean 18,33b-37.

Frères et sœurs en Christ

Fils et filles bien aimés de Dieu.

Bien avant sa conception, lors de l’Annonciation, l’archange Gabriel déclarait à la Vierge Marie sa Mère : « Voici que tu vas être enceinte, tu enfanteras un fils et tu lui donneras le nom de Jésus. (…) Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père. Il régnera pour toujours sur la famille de Jacob… » (Luc1, 30) Il régnera ? C’est donc un roi ? Telle est la question qui traverse les quatre textes de cette solennité : Jésus Roi de l’Univers. Dans la première lecture, la prophétie de Daniel parle de sa vision d’un Fils d’homme auquel furent donnés « domination, gloire et royauté éternelle. » Quant au psaume du jour (Psaume 92) il affirme que « Dieu est roi ». Mais lorsqu’on lit la deuxième lecture, quel changement d’attribution ? Ce n’est plus seulement Dieu qui est roi. Mais Saint Jean affirme que notre dignité est d’y être associés. Car « il a fait de nous pour notre Dieu, un royaume et des prêtres. » (Ap1, 5-8) Évidemment chaque fois que nous proclamons le Pater Noster, nous célébrons cette royauté divine. Dans l’Évangile, il est question de cette royauté. Le mot grec « basileia » sert à traduire les mots hébreux de la même racine comme « malak », « melouka » et « malekout, » qui, selon les contextes signifient: domination, royaume, règne ou royauté.

Vous percevez bien, frères et sœurs, la difficulté ou l’ambiguïté des mots ? Elle est plus concrète si vous demandez à quelqu’un : « Qu’est-ce qu’un roi ? » Nous avons posé la question aux enfants. Ils ont répondu que lorsqu’on parle de roi, on pense à la couronne, au pouvoir, à une armée forte, à l’épée, aux grands domaines, aux richesses accumulées. Les malentendus sont donc nombreux lorsqu’on affirme que Jésus est Roi de l’univers. Sur sa tête une couronne d’épines. Et son Trône, c’est l’autel de la croix. Il n’a pas où reposer sa tête,  et son palais ce sont les cœurs et les consciences de celles et ceux qui les lui ouvrent  dans la liberté de la foi.

Alors quand Pilate lui demande, lors du procès : « Es-tu le roi des juifs ? » Jésus répond par une autre question : « Dis-tu cela de toi-même, ou bien d’autres te l’ont dit à mon sujet ? »

Par cette question, Jésus signifie clairement à Pilate que celui qui veut juger doit s’assurer  que ses opinions et informations ne proviennent pas des rumeurs mais de la vérité. Cela ne concerne pas seulement Pilate. Car notre époque a inventé les autoroutes de l’information où l’on peut facilement rapporter des ragots, amplifier des mensonges, manipuler le discours, diffuser des commérages, répandre des médisances, bref s’adonner à la clabauderie. Agir ainsi, c’est défigurer le Christ. Car il est venu rendre témoignage à la vérité. (Jn18, 36-37) C’est ainsi qu’il est notre Roi parce qu’il a répandu son Esprit d’amour dans les cœurs. Il a vaincu le monde, non pas avec la puissance d’une armée, comme l’imaginait Pilate qui est dans l’amour de la puissance mais avec la puissance de l’amour. Jésus dit au gouverneur et juge Ponce Pilate : « Ma royauté n’est pas de ce monde. » (Jn18, 36)

Saint Augustin nous fait remarquer la nuance des paroles de Jésus en écrivant : « Jésus ne dit pas : « Mon royaume n’est pas ici, mais mon royaume n’est pas d’ici. » Cette nuance doit motiver en chacune et chacun de nous une implication féconde.

Certes, la royauté de Jésus n’est pas de ce monde

Mais IL est le Fils de Dieu qui a tant aimé le monde. (Jn3, 16)

Sa royauté n’est pas de ce monde

Mais elle est à l’œuvre dans le monde. (Mt25, 16-19)

Sa royauté n’est pas de ce monde

Mais les Chrétiens sont envoyés dans le monde.

Sa royauté n’est pas de ce monde

Mais là où le péché abonde, sa grâce surabonde.

Sa royauté n’est pas de ce monde

Car Jésus ne vient pas pour condamner le monde. (Jn3, 17)

Sa royauté ne vient pas de ce monde

Mais il a dit : «Comme des brebis au milieu des loups,  je vous envoie dans le monde ! » (Jn17, 18)

Sa royauté n’est pas de ce monde.

Mais tout sarment chargé de  fruits, le Père l’émonde. (Jn15, 1-5)

Oui vraiment sa royauté n’est pas de ce monde

Pourtant il nous a dit : « Je Suis la lumière du monde » (Jn8, 12)

(Ph2, 15) Oui vraiment ! Sa royauté n’est pas de ce monde.

Mais qu’il vous accorde une paix profonde.

Oui vraiment ! Sa royauté n’est pas de ce monde.

Mais qu’il vous accorde une charité toujours féconde.

Sa royauté n’est pas de ce monde

Mais notre Espérance ne doit pas être moribonde.

Sa royauté n’est pas de ce monde

Mais il a vaincu l’immonde. Sa royauté n’est pas de ce monde, Lui l’alpha et l’oméga. Mais actuellement, à quoi joue le monde ? Quand il reviendra ne va-t-il pas nous demander : « Qu’avez-vous fait de ce monde ? »

Jean Parfait CAKPO