Homélie du 7 Avril 2019- Ve dimanche de carême C 

 

         Voulez-vous vivre la Résurrection ?

                Laissez les pierres de condamnation.

 

Frères et sœurs en Christ

Bien aimés fils et filles de Dieu.

Vous connaissez sûrement cette locution française qui consiste à qualifier quelque chose de situation « à double tranchant » pour signifier qu’il s’agit d’un moyen ou d’un effet qui peut se retourner contre celui ou celle qui l’utilise. Ce retournement peut devenir un boomerang. C’est bien à cela que m’ont fait penser la lecture et la méditation de l’Évangile qui nous est  proposée aujourd’hui.

La question posée à Jésus par les pharisiens et les scribes, accusateurs de la femme adultère fonctionne ainsi. Le piège tendu à Jésus est double. Le risque est partout. La femme convaincue d’adultère risque sa vie. Jésus risque sa réputation et sa légitimité. Si Jésus avait rejeté la lapidation de cette femme en disant : « libérez-la », il se serait rendu passible de tribunal pour blasphème et opposition à la  LOI de Moïse. De l’autre côté, s’il avait autorisé la lapidation de cette femme convaincue d’adultère, il se serait mis en contradiction avec tout ce qu’il n’avait cessé d’enseigner auparavant sur la tendresse de Dieu, sa patience et son pardon. : « Ne disait-il pas qu’il faut pardonner jusqu’à 70 fois sept fois ? » (Mt18, 21)

Devant cette situation Jésus nous enseigne quatre choses essentielles, par son attitude.

La première : Jésus écrit sur le sable dans la poussière de la terre. Ironie du sort, la terre à laquelle les juges voulaient envoyer violemment cette femme à cause de son péché. Les textes ne disent pas ce que Jésus écrivait. Mais son attitude nous rappelle bien la Sagesse des pères spirituels qui conseillent qu’il vaut mieux écrire le mal dans du sable que pourraient effacer nos pieds en passant et graver les bienfaits  dans la pierre de notre mémoire.

La deuxième chose que nous enseigne Jésus, c’est un renversement de regard : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter la pierre. »  Jésus leur demande un examen de conscience. Le temps de carême est propice à cela. « Il faut faire passer le regard sur autrui par le regard sur soi. » (GROSJEAN) C’est là une illustration de l’hypocrisie que dénonçait Jésus en disant : « Celui qui a une poutre dans les yeux ne peut dire à l’autre : « laisse-moi enlever de tes yeux la paille qui s’y trouve alors qu’il ne voit pas la poutre qui est dans les siens. » Mt 7, 3-5

La troisième lumière est la déclaration de Jésus pour une libération : « Moi non plus, je ne te condamne pas. » Comme l’écrit si joliment Saint Augustin : À la fin, « Il ne reste que deux personnes : « la misère et la miséricorde ».

Enfin quatrième et dernière exhortation : l’offrande d’une espérance avec ces mots à la femme adultère : « Va ! Et désormais ne pèche plus. » « Je ne prends plaisir à la mort de personne dit le Seigneur convertissez-vous et vous vivrez. » (Is18, 32) Jésus ne vient pas juger, condamner mais sauver, guérir, « Dis seulement une parole et je serai guéri… » Ouvrir à chacune et à chacun un chemin nouveau. Il réalise la prophétie d’Isaïe que vous venez d’entendre dans la première lecture : « Ne faites plus mémoire des événements passés, ne songez plus aux événements d’autrefois. Voici que je fais toutes choses nouvelles. » Quelle bonne nouvelle !

Quelles merveilles, les miséricordes de Dieu à notre égard !

Frères et sœurs, parfois je me dis qu’après le départ des accusateurs, la femme libérée, sauvée et pardonnée par Jésus était repartie  exactement comme dit le psaume du jour (125)

« Comme en rêve… la bouche pleine de rires en poussant des cris de joie. » (Psaume 125)

La joie de la libération, chemin de Résurrection.

Voulez-vous vivre la Résurrection ?

Laissez  tomber toutes  les pierres de condamnation.

                Jean Parfait CAKPO

 

 

 

Homélie du 14 avril 2019-Dimanche des Rameaux et de la Passion C.

Is50, 4-7/Ps21/Ph2, 6-11/Lc23,14-23,56.

 

Il nous a aimés jusqu’au bout

Pour remettre nos vies debout.

                Frères et sœurs en Christ,

                Bien aimés du Seigneur ;

Les grands mystères de la foi que nous célébrons dans ces différents rites, ne sont nullement l’anniversaire d’événements passés que nous pourrions qualifier de dépassés. Au contraire, je vous invite à vous laisser envelopper par ce mystère du Christ à vous laisser toucher réellement et imprégner profondément. Ainsi nous nous sentirons en travail par l’Esprit de Dieu, pour être au travail avec Jésus, Fils de Dieu et Fils de l’Homme dans sa sainte Passion, en ce dimanche des Rameaux. De cette fête, nous pouvons accueillir trois enseignements.

Le premier, c’est la Bénédiction.

Il n’est pas anodin que la messe de la Passion du Christ s’ouvre par la bénédiction des rameaux, des buis en l’occurrence. Certes toute messe commence et s’achève par la bénédiction. Mais, il est  écrit qu’en voyant Jésus « approchant de la descente du mont des Oliviers », toute la foule des disciples, remplie de joie, se mit à louer Dieu en disant : « Béni soit celui qui vient, le Roi au nom du Seigneur. » Nous sommes les enfants des bénédictions. Bénédiction signifie : « dire du bien. » Or,  que de paroles négatives autour de nous ! Que de propos toxiques, que de déclarations pour « mal dire» (médire) des autres. On retrouve dans l’évangile du jour tant de paroles de haine, de moqueries, d’humiliations contre Jésus qui est pourtant innocent. Il est de notre vocation chrétienne de ne pas détruire par nos paroles.

Le deuxième enseignement que je vous propose, c’est d’habiter le désir de Jésus. L’aviez-vous relevé ? La première déclaration de Jésus, selon l’Évangile de la Passion, lu en ce jour, c’est : « J’ai désiré d’un grand désir manger cette Pâque avec vous avant de souffrir.» (Luc 22,15-17) Faut-il le redire ? « Le désir, c’est d’abord le langage du corps. Une histoire de corps, son chiffre, sa passion secrète, sa généalogie. Pas de corps sinon en mal de désir, c’est-à-dire empêché, entravé mais transporté, (transpercé ?) aimanté. » (Anne DUFOURMANTELLE)

 Bien justement, tous les grands textes de cette fête des rameaux nous font contempler le mystère du corps et de ses membres. Tenez, par exemple, le prophète Isaïe, dans la première lecture. Il déclare: «Chaque matin, mon Dieu éveille mon oreille. J’ai présenté mon dos. (J’ai fait le dos rond) pourrait-on traduire. J’ai laissé ma barbe. Mes joues. Mon visage. Le psaume 21 insiste également sur le corps et son implication dans le mystère. : »Ils hochent la tête. Ils percent mes mains. Je peux compter mes os. » Dans l’évangile Jésus manifeste ce désir par ces paroles : « Ceci est mon corps. Prenez et mangez. Faites cela en mémoire de moi. »Vous êtes le corps du Christ, alors qu’avez-vous fait de lui ? Oui, Jésus est la tête du corps dont nous sommes les membres. (Eph4, 15.17) Mais entre la Tête et les membres du corps, il faut une union, une harmonie, un équilibre, une circularité des dons et talents, une complicité de destinée. C’est d’ailleurs ce qui faisait dire à Saint Augustin de Carthage. « Le Verbe de Dieu s’est fait chair ? Il fit avec nous cet admirable échange. Ce par quoi, il est mort, était  de nous. Ce par quoi nous vivrons sera de Lui. »

Lui qui nous a aimés jusqu’au bout

Pour remettre nos vies debout.

Nous voyons Jésus entrant à Jérusalem monté sur un âne sous l’acclamation des foules. De là, le dernier message.

Le troisième enseignement de la passion, c’est ce que j’appelle « la métaphore de l’âne christophore. » Autrement dit cette humble créature qui porte Jésus. C’est, du reste, Jésus Lui-même qui l’envoie chercher. Avec cette consigne : « Si l’on vous demande pourquoi le détachez-vous ? Dites : « Le Seigneur en a besoin. »

Tout est là. En tant que baptisés, nous devenons des « Christophores », c’est-à-dire des porteurs du Christ et de son message d’amour et de foi, de paix et d’espérance. Pour accomplir notre vocation et témoigner de la lumière du Christ, notre disponibilité est sollicitée. Dieu nous associe. Il daigne avoir besoin de nous. Nous aussi, nous avons besoin des uns et des autres pour vivre notre foi. Surtout, n’oublions pas que les autres ont besoin de nous. Par eux, c’est le Seigneur qui a besoin de nous. Ô si vous saviez, comme les gens ont besoin  qu’on ait besoin d’eux. Votre vie serait un Hosanna éternel.

                       

 

Père Jean Parfait CAKPO

 

Homélies du Vème dimanche de Carême (7 avril 2019) et dimanche des Rameaux (14 avril 2019).
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