Homélie de l'Epiphanie B 2015.

Dans la nuit de Noël, près de Jésus nous rencontrions les bergers, des marginaux. Ils avaient reçu une bonne nouvelle « Aujourd’hui vous est né un sauveur »...en cette fête de l’Epiphanie, mot qui signifie « manifestation », nous rencontrons des mages...ce ne sont pas des rois mais des savants qui étudient les astres, ils viennent d’un pays voisin d’Israël. Ils font partie de ceux que la Bible appelle « les païens »...Ils représentent tout homme en recherche d’une lumière. Avec eux le peuple de Dieu commence à s’élargir à la dimension de tous les peuples. Les mages arrivent à Jérusalem en disant « Nous avons vu se lever son étoile ». De quoi s’agit-il ? Chez les orientaux de l’époque la découverte d’une étoile inconnue jusqu’alors était considérée comme le signe de la naissance quelque part d’un être d’exception.

Il est possible que les mages, au courant de l’attente d’Israël d’un envoyé de Dieu et découvrant une étoile inconnue, se soient mis en route vers Jérusalem....mais plus certainement il y a là une allusion claire à une parole du prophète Balaam qui 12 siècles plus tôt disait « Je le vois, mais ce n’est pas pour maintenant : de Jacob monte une étoile » (Nb 24,17). Les juifs comprenaient que cette étoile qui montera un jour de la descendance de Jacob sera un grand roi et ils l’attendaient. Les mages ont « vu se lever son étoile » signifie que par intuition, ou par inspiration ou par information ils ont été mis au courant de la naissance de cet homme-étoile...et que cette bonne nouvelle a fait se lever en eux une étoile intérieure : l’étoile de la foi en Jésus...Ils se sont mis en route...

une démarche qui nous appelle, nous aussi, à nous remettre sans cesse en route. Au cours de leur démarche les mages consultent la Bible...La recherche de Dieu et la démarche de foi implique toujours de consulter la Bible, Parole de Dieu. Cultivons le goût de la lecture attentive et priée de la Parole, de sorte qu’elle nous imprègne et oriente notre vie...Lorsque les mages arrivent près de Jésus ils lui offrent l’encens, l’or et la myrrhe. L’or est pour le roi. Ils reconnaissent en Jésus leur roi. L’encens est pour Dieu. Ils reconnaissent que Jésus est Dieu. La myrrhe servait à l’embaumement des corps. Elle souligne l’humanité et sa fragilité. Ils reconnaissent en Jésus un homme véritable. Leur foi est complète : ils reconnaissent que Jésus est véritablement Dieu et véritablement homme, le véritable guide....Ils se prosternent et adorent. Ils prient. La prière est vitale dans la démarche de foi. Le pape François a adressé à la curie romaine, avant Noël, un discours sans concession, dans lequel il y a des messages pour nous tous. Il dit « La curie étant un corps dynamique, celle-ci ne peut vivre sans se nourrir et sans se soigner. De fait la curie-comme l’Eglise-ne peut vivre sans un rapport vital, personnel, authentique et solide avec le Christ. Un membre de la curie qui ne mange pas quotidiennement de ce Pain, deviendra un bureaucrate (un formaliste, un fonctionnaire, un simple employé) : un sarment qui se dessèche, meurt peu à peu, et finit par être jeté. . La prière quotidienne, la participation assidue aux sacrements, en particulier à ceux de l’Eucharistie et de la Réconciliation, le contact quotidien avec la Parole de Dieu et la spiritualité traduite en charité, constituent pour chacun de nous des aliments vitaux. Que cela soit clair : sans lui nous ne pouvons rien faire.(Cf Jn 15,8) »...Ceci est bien pour nous tous ! Les mages sont plusieurs et ils entrent en relation avec les scribes... Ceci nous dit que la démarche de foi ne se vit pas seul mais toujours avec d’autres.

La démarche de foi est personnelle, personne ne peut croire à la place d’un autre, est aussi communautaire...Dans son discours à la curie qu’il invite à un sérieux examen de conscience, François évoque des maladies qui l’atteignent et qui peuvent nous atteindre : la maladie de la rivalité et de la vanité...celle de la rumeur, de la médisance et du commérage , dont il dit « C’est une maladie grave, qui commence simplement, peut-être seulement pour faire un brin causette, et qui s’empare de la personne. Celle-ci se met alors à « semer la zizanie » (comme Satan) et dans beaucoup de cas à « assassiner de sang froid » la réputation de ses propres collègues et confrères »...Il évoque aussi la maladie de l’indifférence envers les autres, dont il dit « Elle survient quand chacun ne pense qu’à soi et perd la sincérité et la chaleur des relations humaines. Quand le plus expert ne met pas ses connaissances au service des collègues qui le sont moins, quand on vient à apprendre quelque chose et qu’on le garde pour soi au lieu de partager de manière positive avec les autres »....

Travaillons à construire une fraternité vraie entre nous. Une paroisse doit être une école de la communion fraternelle où chacun est accueilli, respecté et aimé et où nous avons le souci les uns des autres, pour avancer ensemble dans la foi et la charité. L’unité d’une communauté est un signe indispensable pour que l’évangélisation puisse s’accomplir. Un autre trait de notre évangile : les mages après leur rencontre avec Jésus repartent par un autre chemin. La rencontre de Jésus nous fait repartir par un autre chemin. Le récit de la démarche des mages est le récit d’un itinéraire qui aboutit, qui porte du fruit. Au cours de cette année remettons-nous toujours en route...aimons et méditons la Parole...vivons la rencontre du Seigneur...cultivons l’esprit fraternel...repartons de la prière et de la rencontre fraternelle par un autre chemin...nous aurons vécu une belle année....Bonne année !

Père Michel Marie

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