Homélie du Vème Dimanche de carême A/ 2 -4- 2017 : Ez37,12-14/ Ps 129/ Rm 8,8-11/ Jn 11,1-45

 

De la prédication à l’action

De la révélation à la résurrection

Quel appel à la conversion ?

 

Frères et sœurs en Christ,Bien aimés du Seigneur.

Nous sommes entrés dans la dernière semaine de carême qui constitue pour ainsi dire l’antichambre de la grande Semaine, la Semaine Sainte. Celle qui nous sépare des festivités de Pâques et nous prépare à la Résurrection du Christ. Telle une anticipation liturgique,tous les textes de ce dimanche orientent nos regards vers la réalisation de la promesse de Dieu par son prophète, Ézéchiel. C’était à une époque dramatique,où son peuple,le peuple d’Israël, était en exil, découragé et désespéré au point de douter de l’amour de Dieu. Comme d’ailleurs certains de nos contemporains qui se demandent ce que Dieu fait quand le monde va mal. Le prophète Ezéchiel rappelle la promesse garantie par la fidélité de Dieu : « Je l’ai dit et je le ferai ,» oracle du Seigneur. » « Je vais ouvrir vos tombeaux et je vous en ferai remonter. Ô mon peuple. » (Éz37,1)

Comme pour donner une portée concrète à cette prophétie, quelques siècles plus tard,Jésus dira à Marthe et Marie, les sœurs de Lazare,mort depuis quatre jours devant le tombeau : « Enlevez la pierre .» (Jn 11,39) Alors d’une voix forte,Jésus redonna vie au mort par ces mots : « Lazare,viens dehors.»

Trois mots suffisent à rendre compte du message que je vous propose de méditer à travers les textes. Il s’agit de trois réalités fortes qui touchent nos vies :

LA TRAVERSÉE. LA MORT. L’ESPRIT SAINT.

Ce dimanche est donc celui où la liturgie nous propose de réfléchir sur la traversée de la mort par l’Esprit Saint. Ce terme de la traversée implique le mouvement,le cheminement. (catéchuménat) La foi elle-même est un long cheminement à la suite de Jésus. Si quelqu’un veut être mon disciple qu’il renonce à lui-même qu’il prenne sa croix et qu’il me suive.(Luc 9,23)

Croire en Jésus,ce n’est donc pas rester les bras croisés en pensant que Dieu fera tout pour nous. Croire au Christ, c’est,selon cet évangile,refuser l’immobilisme. C’est opéré une traversée,un déplacement en soi,de soi vers soi, pour soi,par les autres,vers les autres et pour le Tout Autre c’est-à-dire Dieu. D’ailleurs, cette idée de traversée est une décision pour l’action.

De la prédication à l’action

De la révélation à la résurrection

Quel appel à la conversion ?

On retrouve ces thématiques dans la première lecture et dans l’Évangile comme une clé pour ouvrir à la vie et passer les portes qui nous enferment dans la mort. Rien que dans la première lecture tous les versets nous y invitent. Écoutez plutôt :

Ouvrir (vos tombeaux), faire remonter. Mettre en vous.( Mon esprit)Je donnerai, (un cœur) je le ferai….Mais, c’est dans la page de l’évangile selon saint Jean que nous voyons s’illustrer davantage cette conviction qu’en fait, la vie ne cesse pas, la vie ne s’arrête pas quand quelqu’un meurt.

Que de mouvements,de déplacements dans cet Évangile de la résurrection de Lazare ? Quel grouillement de vie,de traversées en somme autour de la mort,pour la vie ? Plus d’une vingtaine de verbes actifs traversent et courent sous la plume de Saint Jean dans cette belle page. En voici quelques-uns : « Les sœurs de Lazare envoyèrent dire.. » Revenons en Judée. « Tu y retournes ? « Celui qui marche… Les juifs étaient venus nombreux… » Marthe partit appeler sa sœur…Et enfin au sommet de tout ce mouvement le cri de Jésus : « Lazare viens dehors. »

Et le mort sortit. Lazare a opéré sa traversée du tombeau et de la mort pour revenir à la vie. Oui, la vie est une plus ou moins longue traversée de la mort,des morts successives. On meurt parce qu’on est vivant. Et l’on vit, parce qu’on a traversé les formes et les forces de la mort : maladies,vieillesse,mort à soi et à ses premières illusions pour se forger d’autres convictions. Mourir à ses premières convictions ou conventions pour vivre à nouveau en jetant ses sacs de désillusions à l’océan et à ses flots. Pour à nouveau vivre hors de ses tombeaux et de ses risques d’enfermement. Car n’est pas seulement le jour où quelqu’un s’endort dans la mort qu’il faut parler de Mort. Car chaque jour, nous mourons et nous ressuscitons. Et ce, par la force de l’Esprit Saint.

C’est bien ainsi que se comprend le propos de Saint Paul aux Romains, dans la deuxième lecture de ce jour : « Le corps,dit-il reste marqué par la mort à cause du péché. Mais l’Esprit vous fait vivre. » (Rm8,8-11)

Frères et sœurs, Lazare est ressuscité par l’Esprit de DIEU. Avez-vous remarqué qu’il en est question jusqu’à six fois dans cet petit extrait de l’épître aux romains ? L’Esprit Saint, le Souffle Sacré,le Souffle Divin. C’est Lui qui fait vivre car IL empêche de perdre haleine, d’être essoufflé. Or si l’Esprit Saint habite en quelqu’un, il le rend juste déclare Saint PAUL. Et le Juste ne meurt pas, car l’Esprit de Dieu le rend juste. Je veux dire qu’il l’ajuste aux sentiments du Christ. Autrement dit l’Esprit Saint nous harmonise comme un musicien harmonise les notes les unes avec les autres grâce au registre auquel il les inscrit, à la clé qu’il leur affecte et à la portée qu’il leur donne. L’Esprit Saint nous nous harmonise en ajoutant quelques notes à notre vie pour qu’elle sonne juste au diapason du Christ. Et ce,par l’Amour, la Foi ,l’Espérance,la Joie,la Patience,la Douceur, la Paix, la persévérance,la vérité. Toutes choses qui font vivre véritablement libre. Cette liberté est signifiée par la consigne de Jésus devant Lazare revenu à la vie,quand il dit : « Laissez-le aller. » dit Jésus à propos de Lazare. Mais allez où ? Vers quoi ? Et vers qui ? L’Évangile ne le dit pas mais puisqu’il s’adresse à chacun de nous.

ALLORS,DEMANDEZ-LE À L’ESPRIT SAINT.

Jean Parfait CAKPO

 

 

Homélie du Vème Dimanche de Carême.
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