Café Théo du samedi 25 février 2023

 « Saint Charles de Foucauld : un chemin de fraternité pour aujourd’hui », conférence du Père Yves de Malmann.

 

Le Père Malmann, prêtre du diocèse du Havre a rejoint la Fraternité sacerdotale Jésus Caritas dans les années 90, désireux de relire sa vie et son ministère à la lumière de la spiritualité de Charles de Foucauld. Il est responsable de cette Fraternité pour la France.

Le Père nous a brossé en 1h30 un portrait riche et profond de Charles de Foucauld, le « Frère Universel », identifié, par amour, avec les plus pauvres du désert africain. Il priait pour devenir le frère de toutes les âmes.

Charles de Foucauld (1858-1916) est né à Strasbourg, a perdu ses parents alors qu’il n’avait que 6 ans. Il sera élevé par son grand-père et deviendra officier à l’école militaire de Saint-Cyr puis à Saumur. A 20 ans, il héritera la fortune de son grand-père et vivra grassement. A 22 ans, il est affecté en Algérie puis en Tunisie où il découvrira, admiratif, la ferveur musulmane. De retour en France en 1882, il démissionnera de l’armée. Charles est un esprit libre et supporte mal la vie de caserne. Il  partira alors pour l’Algérie, puis le Maroc et deviendra un véritable explorateur, ethnologue et cartographe remarqué.

De retour en France, il fuit les salons pour se reposer dans des églises, alors qu’il n’a pas la Foi. Il répète cette prière « Mon Dieu, si Vous existez, faites que je Vous connaisse ». Il va alors rencontrer l’Abbé Huvelin qui va le confesser et lui donner comme pénitence de communier. Charles était converti, l’Esprit Saint a tout changé en lui ! Il est marqué, lors d’un sermon de l’Abbé Huvelin par une phrase : «Notre Seigneur a tellement pris la dernière place, que personne n’a pu la lui ravir ». Charles a voulu connaître cette dernière place. Va alors commencer une longue quête pour connaître la Volonté de Dieu sur lui. Il entre à la Trappe Notre Dame des Neiges où il va devenir Frère Marie Albéric. Mais la vie ne lui semble pas assez pauvre. Charles demande de partir dans un monastère plus pauvre. Il sera envoyé dans une Trappe en Syrie. Il rêve de fonder une petite communauté encore plus ascétique, quittera la Trappe en 1897. Il part alors pour Nazareth où il restera 3 ans chez les sœurs Clarisses comme homme à tout faire. Serviteur, il se voit comme le « petit frère de Jésus ». Il rentrera en France pour devenir prêtre avant de s’embarquer en 1901 à Béni Abbes, au Sahara. Il se révoltera contre l’esclavage, autorisé par l’Islam et rachètera même des esclaves.  Il rêve de créer une communauté, mais personne ne viendra, sa règle étant trop stricte. Aucun musulman ne se convertira non plus. Pour vivre avec les plus pauvres, Charles partira encore plus au sud, il vivra dans un pauvre village, Tamanrasset où il sera « Seul avec Jésus, seul pour Jésus ». A l’écoute des Touareg, il va apprendre leur langue et écrira un dictionnaire Touareg-Français. Il vivra l’enfouissement pendant 10 ans, un apostolat de la bonté, de la douceur, à l’image de Jésus. 

A force de privations, Charles tombe malade en 1908, ce sera l’occasion d’une deuxième conversion nous dit le Père Malmann : malade, Charles devra sa vie au soutien de voisins, encore plus pauvres que lui. Il devra accepter cette dépendance totale de pauvres qui se sont privés et ont privé leurs enfants pour sauver un étranger. Il est devenu « un petit frère », vivant dans l’amour et l’abandon total. L’autre est un lieu de vie et de révélation pour lui.

Le 1er décembre 1916, des pillards vont l’assassiner.

 

Le Père Malmann insiste sur le fait que Charles était missionnaire au sens de témoignage par sa vie et sa présence silencieuse, non par la volonté de convertir… d’ailleurs il n’a pas converti. Il n’a pas non plus atteint son objectif qui était de fonder une Communauté.

Pourtant, de nos jours, l’ermite du Sahara a inspiré de nombreux groupes, congrégations religieuses et associations de prêtres et de fidèles. Sa famille spirituelle compte environ 13 000 membres et il laisse derrière lui un important héritage spirituel.

« Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; s’il meurt, il porte beaucoup de fruits », Jn 12 : 24.

Charles de Foucauld sera canonisé le 15 mai 2022 par le Pape François.

Photos Nadine Deswasière et Yves de Malmmann.
Photos Nadine Deswasière et Yves de Malmmann.
Photos Nadine Deswasière et Yves de Malmmann.

Photos Nadine Deswasière et Yves de Malmmann.

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